Histoire et patrimoine

LES ORIGINES

Le territoire de Saint-Hippolyte s’étend entre mer et montagne, au bord de l’Etang de Salses-Leucate. Il est fréquemment inondé jusqu’au XXème siècle. Les hippolytains ont toutefois, à travers les siècles, réussi à dompter les éléments pour en tirer profit. Les ressources principales, dès les origines, étaient les salines, l’élevage de moutons au pré salé, la pêche sur l’étang. D’autres cultures se sont développées, comme dans la majeure partie des villages roussillonnais : la vigne, les cultures céréalières, le bois, et les arbres fruitiers (surtout oliviers).

Le développement de Saint-Hippolyte est également lié à la Via Domitia. Axe majeur de communication, cette route a été construite sous l’empereur Constantin (272-337). Une borne milliaire (qui se trouve dans le porche de l’église), gravée au nom de l’empereur, découverte en 1847 à Saint-Hippolyte, atteste de la présence de la Via Domitia à proximité du village.

La première mention de Saint-Hippolyte dans les textes date du 23 juin 963. Dans une charte de l’archiprêtre Amalric, ce dernier faisait don, à son église d’Elna, de ses vignes de Saint-Hippolyte. Cette charte fait également mention de la présence d’une église à Saint-Hippolyte.

SAINT-HIPPOLYTE AU MOYEN-AGE

Le village s’est développé autour de deux entités : l’église, d’une part, et le château, de l’autre.

Entre le XIème et le XIIIème siècle, une cellera (cellier) se constitue autour du château. La Cellera est un ensemble de celliers que construisent les paysans afin de stocker et protéger leurs récoltes. Cette cellera devient une enceinte villageoise fortifiée. Saint-Hippolyte s’agrandit à l’intérieur de l’enceinte, comme à l’extérieur, autour de l’église et de son cimetière. A partir du milieu du XIIIème siècle, on assiste à la construction de maisons sur des terrains libres en périphérie de l’enceinte, parallèlement à une densification de l’habitat.

Le château de Saint-Hippolyte est construit probablement au milieu du Xème siècle. Entre les deux tours qui existent encore, se trouve le « Portalet », grand portail constituant l’ancienne entrée du village. Le Château est un fief royal au XIIème siècle, appartenant à des seigneurs locaux sous allégeance  des rois d’Aragon. Il est vendu aux Templiers du Mas Déu en 1286. Le château demeure en leur possession jusqu’en 1439, date à laquelle les clés de la ville seront remises aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

Entre le XIVème et le milieu du XVIIème siècle, Saint-Hippolyte est victime des conflits opposants les royaumes de France et d’Aragon, d’Aragon et de Majorque, ou encore des assauts et des pillages étrangers (en 1344, sac de Saint-Hippolyte par les berbères). Au cours de ces trois siècles, on compte plusieurs périodes de reconstruction. L’église Saint-Michel est construite en 1429, à l’endroit de l’actuelle place Saint-Michel. En ruine, elle sera désafectée en 1787.

Les guerres cessèrent en 1659 avec le Traité des Pyrénées, qui rattacha le Roussillon à la France.

SAINT-HIPPOLYTE AVANT LA REVOLUTION

L’assimilation française est difficile pour les hippolytains. La commune devient un temps un lieu de garnison. Comme dans tout le Roussillon, les hippolytains obtiennent du Roi Louis XIV, la conservation de leurs structures politiques locales. La commune est administrée par un « battle » et des consuls, élus parmi les chefs de famille. Avec le curé, ils forment le Conseil Politique de la Communauté, qui se réunit dans l’église Saint-Michel.

Jusqu’à la révolution de 1789, de fortes tensions existent entre le pouvoir royal d’un côté, tentant d’interdire l’usage du catalan, levant de fortes taxes, et le peuple hippolytain de l’autre.

Au cours de cette période, les hippolytains devront affronter des épidémies de peste, et des périodes de disette.

En 1691, l’administration royale décide de creuser un canal. Ce projet, pensé par l’ingénieur Pierre Paul Riquet, consistait à relier depuis Port-Vendres, les étangs entre eux jusqu’au Languedoc. Après deux ans de creusement à Saint-Hippolyte, le projet est abandonné. Mais, ce tronçon de canal qui court jusqu’à l’étang, va permettre d’assainir les terres, en proies aux marécages et au développement des maladies depuis toujours. En effet, avec le canal et les agouilles Capdal, Ventouse, du Trial et leurs réseaux, les eaux de sources et de pluies peuvent désormais être drainées vers l’étang.

SAINT-HIPPOLYTE DE NOS JOURS

Si la Révolution Française a très peu d’échos à Saint-Hippolyte, l’administration locale évolue. En 1834, la population hippolytaine compte quelques 606 habitants. Cette population vit en majorité de petits élevages de bétail et de l’agriculture, dont la majeure partie est constituée de vignes. Au village de pêcheurs, on dénombre une quinzaine de paillottes.

Durant tout le XIXème siècle, le village s’organise contre l’insalubrité. En 1854, la population est de nouveau décimée par une épidémie de choléra. Cela n’empêche pas une croissance de la population durant le siècle.

Saint-Hippolyte connait le progrès des voies de communications. Tout d’abord, le chemin de fer en 1855, puis la poste en 1889. En 1910, un petit train (le mataburros) relie la commune au Barcarès. Le transport de passagers sera rapidement remplacé par l’autobus.

Sur le plan économique, les hippolytains ont bénéficié du transport ferroviaire. En 1938, quelques 124 viticulteurs s’organisent pour créer la cave coopérative viticole, qui connait alors un grand succès.

Après la Seconde Guerre mondiale, Saint-Hippolyte se modernise : automobile, électricité, téléphone, tout à l’égout, bitume, ou encore eau courante. Les commerces subissent alors la concurrence extérieure.

Cette évolution réduit également la distance avec la ville de Perpignan. C’est une nouvelle expansion pour la commune, qui voit alors sa population augmenter de manière exponentielle (1038 habitants en 1982, 1623 en 1990, 1870 en 1999, et quelques 2500 habitants en 2011).